Pauline Curnier Jardin

Le temps du festival, l’isdaT se transforme en salle de projection éphémère et accueille des films en boucle toute la journée. Quatre cartes blanches se succèdent : une artiste, deux festivalset une commissaire y partagent leurs préoccupations du momentou éternelles obsessions. Chacune de ces cartes blanchesse prolonge hors de la salle obscure avec des concerts,des rencontres ou des projections en plein air.

Pauline Curnier Jardin puise dans les rites et les renversements carnavalesques pour raconter des histoires complexes, des histoires de corps et de désir qui sèment le trouble dans le genre et les normes sociales. L’artiste ausculte les mythologies européennes et les passe au tamis de ses fantasmes pour produire des oeuvres à la frontière du sublime et du grotesque.

Pour le festival, elle présente deux de ses films, réalisés à 10 ans d’intervalle : Grotta Profunda, les humeurs du gouffre, produit pour le Printemps de septembre en 2011 et Fat to Ashes produit en 2021 dans le cadre du Preis der Nationalgalerie et présenté au Hamburger Bahnhof Museum de Berlin. Si les deux oeuvres partagent un univers truculent et viscéral, le plus récent pousse un peu plus loin les frontières du dicible. Les rituels se font plus violents, les excès plus flagrants et les chants se transforment en cris.

LES FILMS EN BOUCLE

— Fat To Ashes, 2021, 20 min 55 s 

Fat to Ashes, du gras aux cendres, mêle trois événements issus de la tradition chrétienne allant du mardi gras au mercredi des Cendres. Vidés de leur contenu spirituel ou au contraire emprunts d’une dévotion capiteuse, ces trois moments plongent le traditionnel dans la modernité. Avec un montage cut, le film suit une procession religieuse en Sicile en l’honneur de Sainte Agathe qui, selon la légende, se serait fait couper un sein pour avoir refusé les avances d’un dignitaire romain, faisant d’elle la-patronne des victimes de viol ; un abattage rituel dans un village d’Italie où un cochon gras est tué, démontrant combien l’agriculture est culturel ; et le carnaval de Cologne, une semaine d’excès en tout genre. Corps mutilés, ivresse, rituel chrétien et ferveur païenne…, Fat to Ashes plonge le spectacle dans des célébrations aussi flamboyantes que violentes. 

— Grotta Profunda, les humerus du gouffre, 2011, 30 min 

L’enfant Bernadette vient de voir une apparition – peut-être celle de l’Immaculée Conception. Le trouble que suscite en elle cette vision la porte jusque dans les montagnes où, épuisée, elle s’assoupit dans un champ. Évoluant dans un état de semi-inconscience, elle se retrouve à l’intérieur d’une grotte où toute une cosmogonie extravagante l’instruit sur les questions de l’origine de l’humanité. Un râle ancestral, des gouttes qui tombent sous les stalactites, la paroi tourmentée de la cavité ; les éléments naturels eux-mêmes se joignent au rituel initiatique de la petite visionnaire. 

     Œuvre de la collection des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

LE RENDEZ-VOUS

Samedi 18 septembre

De 20h à 23h, Pauline Curnier invite des amis et collaborateurs de longue date pour une soirée de concerts, de la douceur du folk aux beats déchainés.

— Midget! – concert

— Vincent Denieul – concerts et DJ set 

— Chris Imler – concert