Il faudra un jour regarder de plus près cet art « mineur » qui se déploie dans les hôtels et s’expose dans les restaurants. Deux types de lieux qui ne sont pas destinés à l’art et qui pourtant servent à en montrer. Les restaurants, en particulier, offrent souvent leurs murs à des peintres qui cherchent ainsi à faire exister et à négocier leur travail en dehors des circuits courants du monde de l’art (galeries, centres d’art, musées, etc.) qui les négligent. Ce sont généralement des tableaux qui recyclent malhabilement des codes assez datés et qui ne contribuent guère à la création artistique. Si l’on pense que le lieu d’art a un effet instituant sur les œuvres, il faut reconnaître que cet effet est très atténué dans les restaurants. Il reste que cette activité expositionnelle fait apparaître l’idée d’art dans des contextes où on ne l’attend pas. Les peintures d’hôtel écrivent ainsi, comme en sourdine et en différé, une histoire parallèle de l’art où se forme insensiblement un goût moyen qui déteint sur le décor de la vie commune. Elles sont moins destinées à être regardées qu’à être vues comme un élément humanisant de ce décor.

La Brasserie des Beaux-Arts se trouve à côté de l’Adresse du Printemps de septembre. C’est donc naturellement qu’elle offre le cadre amical de certaines de nos activités et rencontres. Au lieu des expositions qui se succèdent sur les miroirs qui en ornent les lambris, nous avons choisi d’inviter cette année certain(e)s des artistes de ce festival à venir peindre librement sur ces miroirs dans une sorte de «cadavre exquis» festif. Œuvres gratuites, réversibles, offertes à la délectation éphémère des visiteurs et des convives.
 

Le travail de : Sylvie Auvray, Nina Childress, Béatrice Cussol, Hippolyte Hentgen, Virginie Loze et Amandine Meyer font l’objet d’expositions personnelles dans le cadre de cette édition du Printemps de septembre.