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Laurent Proux
© LAURENT PROUX, JALOUSIE, 2018
HUILE SUR TOILE 130 X 97 CM
Commissaire : Manuel Pomar
Né en 1980 à Versailles (France), il vit et travaille à Paris.
Dans les tréfonds d’un labyrinthe carnavalesque, des fragments de corps morcelés s’accumulent, tels des vestiges arrachés à un glorieux passé, pris dans les griffes désarticulées d’une machinerie orgiaque, échappant à tout contrôle. Un remake pictural de Frankenstein, nourri de rebuts des zones industrielles, où les mouvements organiques et mécaniques s’imbriquent, s’inversent et se contrecarrent dans une forme de cocasserie Chaplinesque.
Laurent Proux collecte des bouts d’images de mannequins dans des revues allemandes des années 80. Il réalise des collages avec ce matériau et les reproduit ensuite minutieusement en peinture. Un instant T où les accessoires de mode et attributs sociaux (chaussures, bijoux, montres), tout comme la chair, légèrement fanée mais sans éraflures, se retrouvent figés, intacts. Une fragilité émane alors de ces corps désarticulés confrontés à des bras métalliques, de matière froide et lourde, qui semblent réordonner ces débris épars. Cette recomposition du monde répond à une logique rigoureuse, mais également à un mouvement expressif, perceptible dans les grandes lignes abstraites, qui entrelacent l’enchevêtrement des corps et des machines, tels des courants d’air. Les éléments continuent d'apparaître en désordre dans leur hétérogénéité matérielle et temporelle comme après une collision.
La peinture de Laurent Proux s’inscrit dans une volonté de renouvellement de la question du réalisme. Il articule cette notion, issue de Courbet, avec une recherche sur la représentation du corps comme ensemble fragmentaire. Il confronte le Réalisme et le Muralisme (Rivera, Siqueiros), descriptif et photographique, avec le Pop Art, le graffiti, le burlesque et la caricature (James Ensor, Jacques Tati, Werner Büttner, Kerry James Marshall, Mike Kelley, Jim Shaw). Représenté par la galerie Sémiose, il participe en 2016, à l’exposition collective No Cover à Arti et Amicitiae (Amsterdam), sa dernière exposition individuelle, Line-off Ceremony, date de 2017.
Exposition réalisée en partenariat avec Lieu-Commun.