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David Claerbout
© PRINTEMPS DE SEPTEMBRE
PHOTOGRAPHE : DAMIEN ASPE
David Claerbout, Travel, 1996-2013, vidéo monocanal, animation HD, couleur, son stéréo, 12min. Courtoisie de l'artiste et des galeries Sean Kelly, New York; Untilthen, Paris; Esther Schipper, Berlin; Rüdiger Schöttle, Munich
Commissaire : Annabelle Ténèze
Commissaire associé : Valentin Rodriguez
Depuis une vingtaine d’années, David Claerbout développe une œuvre inédite entre cinéma, peinture et photographie. L’artiste investit ici les grandes salles du rez-de-chaussée des Abattoirs et fait dialoguer près de dix œuvres monumentales. Intitulée Vision de nuit, cette exposition invite à regarder autour de nous la réalité du paysage – aussi bien les architectures modernes urbaines que les détails de la nature : arbres, eaux, vents, etc. – mais aussi la réalité de l’image aujourd’hui.
S’appropriant des archives, traitant l’image de manière digitale, la retravaillant pixel par pixel, David Claerbout mène une recherche sur sa physicalité. À une époque de surconsommation des images, le temps devient aussi une matière que l’artiste sculpte. Associant la fixité et le mouvement grâce aux effets de compression, d’étirement et de lenteur, ses créations vidéo deviennent des tableaux suspendus qui invitent à la contemplation et à la déambulation. L’exposition s’ancre également dans une histoire plus globale de la photographie et de la vidéo. Conçue en deux parties, elle analyse la transition entre l’image analogique ancrée sur la pellicule et la création numérique entièrement dématérialisée. L’aile nord des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, calme et monochrome, part des débuts de la photographie et du cinéma au XIXe siècle, tandis que le collatéral sud s’inscrit dans l’apparition de la couleur et de la bande-son, jusqu’au tout numérique. Alors qu’aujourd’hui le processus de fabrication de l’image passe de plus en plus par l’ordinateur, et non plus par l’objectif de la caméra, l’artiste révèle l’émergence d’une nouvelle forme d’optique qui serait propre à l’expérience multimédia. Il la nomme dark optics, « vision de nuit », car avec ces images, l’on pourrait très bien « éteindre la lumière et contempler la nuit toute la journée ». Loin de considérer que les objets du réel, une fois passés de l’autre côté de l’écran, n’existent qu’au sein d’un univers virtuel, l’artiste révèle la présence d’une nouvelle matérialité de l’image dans l’espoir, dit-il, de « trouver la confirmation que nous sommes toujours en vie et que nous percevons un monde cohérent. »
Artiste vidéaste et dessinateur de talent, David Claerbout naît en 1969 à Courtrai, en Belgique. De 1992 à 1995, il suit des études à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers,
en Belgique. Très vite, son travail remet en question les caractéristiques du cinéma classique, notamment les notions de durée et de narration, pour proposer une expérience plus sensible du film. Aujourd’hui installé à Anvers (Belgique) l’artiste poursuit ces réflexions nées dans le milieu des années 1990.
Exposition réalisée en partenariat avec les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse.
Avec le soutien du Casino Barrière Toulouse.