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Bruno Gironcoli
© PRINTEMPS DE SEPTEMBRE
PHOTOGRAPHE : DAMIEN ASPE
© Bruno Gironcoli, Cavalcade, sculptures et dessins 1963-2001, cycle l’Éternel détour - séquence été 2012 : 6 juin-16 septembre 2012 Photo Ilmari Kalkkinen © MAMCO, Genève
Né en 1936 à Villach (Autriche), il est mort en 2010 à Vienne où il vivait et travaillait.
La sculpture, plus encore que la peinture, n’a guère donné d’œuvres animées par l’esprit comique ou la fantaisie. Si l’on excepte Franz Xaver Messerschmidt et Honoré Daumier pour le comique et la satire, il faut attendre un Hans Ruedi Giger et l’esthétique fantastique de la série Alien pour que des objets sculpturaux « biomécaniques » fassent irruption dans notre culture mondialisée. C’est pourquoi il est difficile de situer l’œuvre étrange et singulière de Bruno Gironcoli qui semble avoir anticipé cet imaginaire cinématographique. En tant que sculpteur, professeur de sculpture et artiste actif de 1963 jusqu’à sa mort en 2010, il appartient à une Autriche dont les écrivains et les artistes, de Karl Kraus à Thomas Bernhard, de Robert Musil à Elfriede Jelinek et d’Otto Muehl à Heimo Zobernig en passant par Franz West, ont fait de l’ironie le moteur de leur expression et de leur implacable regard sur la société et le monde. Chez Gironcoli, c’est aussi l’univers visuel du surréalisme et des monstres qui peuplent la peinture des primitifs germaniques et flamands qui retentit dans ses sculptures monumentales.
Le machinisme qui leur fournit bien des aspects y est toujours hybridé par des éléments organiques comme dans une tératologique confusion des règnes, un processus inquiétant ou joyeux de métamorphose continue. Une sorte de carnaval onirique défile sous les yeux médusés du spectateur : le monde de Gironcoli est hanté de fêtes dionysiaques à l’ère des « machines célibataires ». L’idée de « fonctionnement symbolique » proposée par André Breton s’applique parfaitement à ces chars prophétiques, ces mécaniques cruelles, ces corps mutants qui hésitent entre menace et jubilation volubile. On dirait une parabole sur le devenir artificiel de nos organismes couplé à la grandissante aptitude bio-mimétique des machines.
Orfèvre de formation initiale, Bruno Gironcoli a étudié la sculpture a l’École supérieure des Arts appliqués de Vienne. En 1977, il a succédé à Fritz Wotruba pour enseigner la sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. En 2003, il a représenté l’Autriche a la Biennale de Venise. Le Mumok lui a consacré une importante rétrospective en 2018.
Exposition réalisée avec le mécénat de Vranken-Pommery Monopole.
Le projet a reçu le soutien du Forum Culturel Autrichien.
Remerciements : Mme Gironcoli et la Galerie Elisabeth & Klaus Thoman Innsbruck/Vienna.