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Bert Theis
© PRINTEMPS DE SEPTEMBRE
PHOTOGRAPHE : DAMIEN ASPE
Bert Theis, Sans titre (banc), Isola, Milan, 2001.
Né en 1952 au Luxembourg, il y est mort en 2016. Il vivait et travaillait à Milan.
Bert Theis se fait connaître au plan international lors de la Biennale de Venise de 1995. Il y représentait le Luxembourg en reliant les pavillons belge et néerlandais par un simulacre de pavillon luxembourgeois fait d’une palissade de planches de bois peintes en blanc et formant une arrière-cour n’abritant que quelques chaises-longues blanches elles aussi. On y accédait par un couloir où était diffusé une sorte de rap où l’on pouvait reconnaître la voix ironique de Marcel Duchamp. La chaise-longue est un des objets récurrents dans ses installations. Elle emblématise l’idée de repos, de pause, de paresse, en un mot de retrait et de suspens du flux aliénant de la vie quotidienne.
En 1997, dans le cadre du Skulptur Projekte Münster, Bert Theis présente une sculpture également réalisée en planches de bois peintes en blanc. C’est une vaste estrade rectangulaire sur laquelle on peut monter par des marches ou des pentes latérales. Son vocabulaire visuel rappelle l’art minimal mais sa structure qui invite à l’usage la déplace symboliquement hors du champ des objets d’art en tant qu’objets de contemplation gratuite. Cette œuvre s’intitule Plate-forme philosophique. Le terme de plate-forme est ici programmatique : il s’agit de proposer un espace ouvert, disponible, utile mais qui ne prescrit aucun emploi particulier. Autrement dit, une invitation à l’invention d’usages individuels ou collectifs. La référence à la philosophie doit s’entendre comme remémoration ou commémoration de la pratique antique de la philosophie comme dialogue questionnant entre des esprits soucieux d’accord entre égaux.
La Plate-forme philosophique fut appropriée de toutes sortes de façons, de la discussion critique au cours de tango, de la conversation amoureuse à la halte tranquille durant la visite de la grande exposition. Faute de pouvoir la reconstituer à Toulouse à l’occasion du vingtième anniversaire de sa création comme nous l’espérions, nous présentons dans le jardin Raymond VI des bancs conçus par Bert Theis, en guise d’hommage à cet artiste exemplaire de la recherche de formes anti-autoritaires et conviviales pour ouvrir les voies d’un exode raisonné du champ de l’art vers une cité émancipée.
Les œuvres de Bert Theis ont été présentées dans diverses biennales internationales, dont la Biennale de Venise (1995), Manifesta 2, la Biennale de Gwangju (2002), Skulptur Projekte Münster (1997) et la Biennale de Taipei (2008).
Remerciements : Mariette Schiltz (Isola Art Center, Milan) et le Mamco.