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Julian Rosefeldt
My home is a dark and cloud-hung land. Images extraites de My home is a dark and cloud-hung land, 2011. Installation composée de 4 films projetés, 30 minutes. © Nicolas Brasseur, Festival international d'art de Toulouse, 2013.
My home is a dark and cloud-hung land, 2011. Installation composée de 4 films projetés, 30 minutes. © Nicolas Brasseur, Festival international d'art de Toulouse, 2013.
My home is a dark and cloud-hung land, 2011. Installation composée de 4 films projetés, 30 minutes. © Nicolas Brasseur, Festival international d'art de Toulouse, 2013.
Né en 1965 à Munich (Allemagne), il vit et travaille à Berlin.
Depuis une dizaine d’années, Julian Rosefeldt s’est fait connaître par ses grandes installations vidéo sur plusieurs écrans. Dans le réfectoire des Jacobins il présentera son film le plus récent My Home is a Dark and Cloudhung Land (“Ma patrie est un pays sombre suspendu aux nuages”), une oeuvre qui met en scène quelques-uns des archétypes de la culture germanique. La forêt en est le motif central.
Le cinéma est au coeur du travail de Julian Rosefeldt. Ses films sont tournés en pellicule de 16 ou 35 mm. L’action se déroule dans des paysages soigneusement cadrés ou dans des décors de studio balayés par de longs travellings. Mais l’enjeu n’est pas seulement esthétique, les mythes du cinéma, sa mécanique, sont en soi des objets d’étude pour Rosefeldt. American Night, réalisé en 2009, décline par exemple tous les codes du Western. Dans certaines de ses installations multi-écrans, la projection d’une même séquence sous plusieurs angles ou la représentation concomitante de la scène et des coulisses sont d’autres manières de déjouer l’illusion cinématographique.
Les personnages dirigés par Rosefeldt se débattent dans l’espace clos d’un "Grand théâtre du monde", une notion popularisée au XVIIe siècle par la pièce de Calderón La vie est un songe dans lequel sont enchâssés différents niveaux de réalité. Avec la distance qu’induit ce dispositif, le spectateur observe les entreprises vaines et forcenées d’êtres que l’artiste qualifie de " Sisyphes modernes" pris dans les rituels de l’existence et désarmés par la futilité de toute chose. Les groupes ethniques de travailleurs d’Asylum, (2001-2002), s’affairent à des tâches inutiles dont la répétition sans fin est accentuée par la mise en boucle du film. Les trois personnages de la Trilogie de l’échec, (2004-2005) se laissent emporter par la folie destructrice de leurs obsessions.
Le thème universel que constitue l’absurdité de l’expérience humaine parcourt l’oeuvre de Julian Rosefeldt ; le registre grotesque dans lequel évoluent ses personnages la décharge pourtant de toute noirceur philosophique.
"Le mot Heimat me fut donné pour seul champ thématique. Comme pour tous les projets, j’ai commencé par de nombreuses recherches et suis tombé sur nombre d’éléments qui témoignent d’une perception ambiguë de la nature chez les Allemands si l’on se réfère à la notion d’une identité nationale. Ainsi le paysage devint le thème initial et se focalisa relativement rapidement sur la forêt. Et soudain, ce motif de la forêt se trouva être omniprésent dans l’histoire allemande – au début dans Germania de Tacite, puis dans les contes des frères Grimm, dans la représentation de la nature chez les nazis, dans la peur de la disparition de la forêt dans les années 1980 et le concept actuel de "jardin d’enfant forestier", jusqu’aux répercussions de la catastrophe de Fukushima sur la politique environnementale allemande. Dans la conscience collective des Allemands la forêt est un motif récurrent." – Extrait de Dans la tête du gestionnaire de hedge funds. Julian Rosefeldt, entretien avec Robert Seidel, Berlin, le 6 février 2012.
My Home is a dark and cloud-hung land a été réalisé en 2011 à l’occasion de l’exposition "How German is it ?" au Musée juif de Berlin.