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Pierre et Gilles

Portraits
28.09.12 - 21.10.12
Exposition — les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse

Pierre et Gilles
Portraits, sélection de photographies (1980–2010)
Courtoisie de la Galerie Jérôme de Noirmont
Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Pierre et Gilles
Portraits, sélection de photographies (1980–2010)
Courtoisie de la Galerie Jérôme de Noirmont
Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012

Pierre et Gilles
Léonidas (2011)
Modèle : Jean-Christophe Blin
Photographie peinte – pièce unique
Courtoisie Galerie Jérôme de Noirmont
Crédits photo: Pierre et Gilles

Pierre et Gilles
Le Printemps arabe (2011)

Modèle : Tahar Bouali

Photographie peinte – pièce unique

Courtoisie Galerie Jérôme de Noirmont
Crédits photo: Pierre et Gilles

Pierre et Gilles
Iraq War (2006)
Modèle : Ilmann
Photographie peinte – pièce unique

Courtoisie Galerie Jérôme de Noirmont
Crédits photo: Pierre et Gilles

Pierre

Né à La Roche-sur-Yon (France) en 1950, il vit et travaille au Pré-Saint-Gervais (France). 

 

Gilles

Né au Havre (France) en 1953, il vit et travaille au Pré-Saint-Gervais (France). 

 

Une Histoire de l’amour

 

Au début des années 1970, Gilles se forme à l’école des Beaux-arts du Havre quand Pierre étudie la photographie à Genève. Gilles correspond avec l’artiste Annette Messager, alors spécialiste de l’autoportrait caustique. Il s’installe à Paris où il fait de la peinture, des collages, il collectionne aussi les Photomatons et réalise des illustrations publicitaires. Pierre, lui, commence à travailler comme photographe pour les magazines Rock & Folk, Dépêche Mode et Interview. Comme l’écrit leur galeriste Jérôme de Noirmont, « née en même temps que leur histoire d’amour en 1976, la collaboration artistique de Pierre et Gilles n’a cessé depuis plus de trente ans de mettre en commun leurs émotions et leur créativité au service d’une œuvre unique, mêlant photographie et peinture, devenue incontournable au sein de la scène artistique française et internationale. »

 

Cette large reconnaissance, qui fait de Pierre et Gilles les artistes français parmi les plus connus au monde, se manifeste notamment par la Rétrospective Pierre et Gilles, à l’occasion de l’ouverture du Musée d´Art Contemporain de Shanghai, en 2005 ; par leur participation, en 2006 et en 2009, à « La Force de l’Art » au Grand Palais, à Paris ; par la rétrospective Pierre et Gilles–Double Je 1976–2007 au Jeu de Paume, célébrant leurs trente années de collaboration, entre autres manifestations d’ampleur. Pierre et Gilles ont été nommés Chevaliers dans l'Ordre des Arts et Lettres en janvier 2012.

 

Dès leurs débuts, la méthode des duettistes est fixée : Pierre photographie, Gilles retouche les photographies à la peinture, garantissant le statut unique de leurs « photographies-tableaux ». Autre caractéristique intangible de cette œuvre : l’humain, le thème fétiche de Pierre et Gilles, cerné à travers un portrait dont le style mélange esthétique populaire et haute culture. Un personnage seul en général, occupe l’image, sauf dans le cas plus rare où le sujet élu est celui des combattants solidaires, des amants réunis ou du couple que tous deux forment dans la vie (Les Cosmonautes, ou encore Les Mariés). La facture du portrait pierre-et-gillien est immuable. Le sujet photographié – bien souvent une star ou une personnalité en vue : Iggy Pop, Mick Jagger, Catherine Deneuve, Mireille Matthieu, Jean-Paul Gaultier, François Pinault… – y est présenté travesti, endossant l’habit ou le statut d’un autre ; ceux d’une figure de la mythologie antique (Ganymède, Mercure, Méduse…) ou de l’histoire religieuse (Saint Sébastien, Saint Augustin, Bouddha…) ; ceux encore du marin, du voyou, de la femme fatale ou du héros de la littérature ou du cinéma (Le capitaine Nemo, Anakin Skywalker…).

 

Pour « L’Histoire est à moi ! », Pierre et Gilles proposent une sélection d’œuvres plus particulièrement ancrées dans l’Histoire : Jeanne d'Arc y côtoie Le Printemps arabe, référence au mouvement d’émancipation de 2011, ou encore Léonidas, roi de Sparte et glorieux vainqueur de la bataille des Thermopyles contre les Perses... Pierre et Gilles se présentent ici comme des artistes de la réconciliation avec l’Histoire, ils célèbrent dans une éblouissante conspiration la beauté d’une figure humaine maintenue souveraine, placée à distance calculée du réel, pour mieux faire valoir l’évocation mythologique. Tous les portraits de Pierre et Gilles, à dessein, renvoient au mythe, en ce qu’il démultiplie notre image terrestre : mythe du héros que la posture flatteuse soulève au-dessus du commun des mortels ; mythe de la déesse ou du dieu dotés par essence d’une aura surnaturelle ; mythe de la grandeur d’âme attendue des Saints et des martyrs de la foi.

Pierre et Gilles, l’air de rien, nous allègent du poids de l’Histoire, dans un projet de désaliénation globale et de libération du corps, en usant de la proximité comme d’un principe ami. L’atmosphère de réconciliation que mettent en scène leurs portraits produit un effet de pacification, au moins, esthétique, au mieux, transhistorique et fédérateur : dans le temps qui toujours se perd nous trouvons notre place, notre figura, notre fierté. De quoi éteindre toute guerre au fond du moi et laisser libre cours à notre amour du monde, malgré tout.