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Jan Fabre
La démarche de Jan Fabre est porteuse d’un art contaminé par la vie et la mort. De l’ordre au chaos, du hasard à la maîtrise, le plasticien dramaturge a créé un monde bien à lui, palpitant et centré sur le corps et ses images. Il a ses obsessions et ses motifs : bestiaire, figures et symboles. Toujours en quête d’intensité, il abrite aussi des “guerriers de la beauté”. Qui sont-ils ? Les interprètes de ses spectacles, en particulier certaines danseuses, pour lesquelles il conçoit des solos. Preparatio Mortis est l’un d’entre eux.
Dans cette pièce, initialement imaginée pour Annabelle Chambon et reprise par Lisa May, Jan Fabre, tel un entomologiste s’intéresse à l’autre côté du miroir et son absolu mystère, la mort. Ce tabou des sociétés occidentales, est pour lui l’occasion de porter un nouveau regard sur le monde. Un noir profond immerge le public dès les premières minutes, phase préparatoire au délicat voyage auquel nous invite ce solo. Acquise au mouvement de la vie, à sa temporalité cyclique, au souffle qui l’anime, y compris celui de la musique pour orgue, la danse puissante et féline de l’interprète évolue selon des états transitoires. Le caractère liturgique de la performance contribue à cette poétique de la transformation. Son espace, un étrange tombeau vivarium recouvert d’une montagne de fleurs coupées à l’odeur entêtante. Il est l’écrin d’où surgit la danseuse. L’artiste flamand aux flamboyantes provocations, orchestre sans pathos, cette composition entre corps et textures, où se côtoient sans hiérarchie, mondes végétal, animal et humain.
En coréalisation avec le Centre de Développement Chorégraphique Toulouse / Midi-Pyrénées.