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Elena Kovylina
Elena Kovylina
Égalité, performance et vidéo (2012)
Courtoisie de l'artiste et de la galerie Analix Forever, Genève
Crédit photo : Nicolas Brasseur, Le Printemps de Septembre 2012
Elena Kovylina
The Fist, performance et vidéo (2012)
Coproduction Maison européenne de la Photographie, Paris
Courtoisie de la galerie Analix Forever, Genève
Crédit photo : Elena Kovylina
Elena Kovylina
The Fist, performance et vidéo (2012)
Coproduction Maison européenne de la Photographie, Paris
Courtoisie de la galerie Analix Forever, Genève
Crédit photo : Elena Kovylina
Elena Kovylina
The Fist, performance et vidéo (2012)
Coproduction Maison européenne de la Photographie, Paris
Courtoisie de la galerie Analix Forever, Genève
Crédit photo : Elena Kovylina
Née en 1971 en Russie, elle vit et travaille à Moscou.
Mettre en scène l’Histoire russe
Formée à la peinture dans l’ex-U.R.S.S., Elena Kovylina travaille dans l’atelier de Rebecca Horn à Berlin et se réalise dans la performance. De Check Point Charlie, Berlin, à la Biennale de Sharjah, d’une place de Salzbourg à l’escalier d’Odessa, du MAK de Vienne à la foire de Miami, Elena Kovylina s’empare de tout espace, de n’importe quel contexte, dans le but de proposer des performances radicales questionnant les conventions, la norme, les genres, la politique et l’Histoire. L’artiste recourt à un vocabulaire et une posture extrêmes. Elle se met souvent physiquement en danger et soumet ainsi le spectateur au risque d’assister à une issue potentiellement fatale. Ses performances dérangent et fascinent, provoquant d’un même tenant malaise et désir.
Elena Kovylina a été invitée à présenter ses performances, entre autres lieux, à La Fondation Cartier pour l’art contemporain dans le cadre des Soirées Nomades (2002), à La Maison Rouge à Paris (2007), au Center for Contemporary culture à Moscou et à la Fondazione Sandretto re Rebaudengo à Turin (2010). Le Malentendu (2009) est sa première grande exposition monographique en Europe de l’Ouest, réalisée à la suite d’une résidence de plusieurs mois à la galerie Analix Forever à Genève. Double « malentendu » en réalité : celui de la maîtrise des images d’abord, l’artiste étant toujours elle-même le sujet principal de ses performances qui sont donc filmées par un tiers ; celui de la maîtrise du temps ensuite, entre la volonté d’éphémère de l’artiste qui se dit avant tout performer mais qui revient aussi à la peinture de ses débuts pour se réapproprier les images fugaces qu’elle génère (toute performance de l’artiste, filmée, est aussi déclinée en tableaux). Ses toiles reprennent ainsi les captures d’écran des vidéos qu’elle a montées à partir des films de ses performances. Elena Kovylina peut alors élire la perspective, le sujet, la lumière, la couleur, les détails sur lesquels se focaliser, la matière à employer, se réappropriant le résultat de son travail par le truchement de sa propre subjectivité. Sa peinture, dans la pure tradition de la peinture académique russe qu’elle a étudiée pendant douze ans, liant « le chaud » et « le froid », représente en elle-même une composante de l’Histoire – celle de l’art. C’est ainsi que l’un de ses films – et l’une de ses peintures les plus fantastiques – revisitent l’escalier d’Odessa de Potemkine, le mythique film d’Eisenstein. Dans le film d’Elena Kovylina, c’est elle-même qui fait dégringoler la poussette dans le célèbre escalier – une poussette identique à celle du film d’Eisenstein mais, s’agissant de celle de Kovylina, vide du début à la fin du plan.
Pour le Printemps de Septembre, outre Égalité, performance collective caustique sur le mythe bolchévique de l’égalité, Elena Kovylina réalise spécifiquement la vidéo The Fist. La réappropriation de l’Histoire par l’artiste est des plus flagrantes dans sa proposition, puisque Kovylina se représente elle-même dans le rôle de son grand père.
« Tous nos grands-pères russes ont à voir avec cette histoire-là », explique-t-elle. « L’un de mes grands-pères me l’a racontée : il traversait un grand champ blanc, recouvert de neige, avec un paquet très important qu’il devait apporter à son commandant. Il portait un habit sombre et était très visible. Soudain apparut dans le ciel un avion allemand, qui a commencé à tirer sur lui. Mon grand-père s’est mis à marcher en zigzag et les munitions de l’avion se sont trouvées épuisées avant qu’il n’ait été touché. L’avion s’est alors mis à voler en rase-mottes, au point qu’il a pu voir distinctement le visage du pilote allemand. Alors il a levé son poing vers lui dans un geste de victoire, une victoire d’autant plus glorieuse qu’elle était improbable. »
Et Elena Kovylina de lever son poing elle aussi, dans la réalité comme dans le film présenté à Toulouse, habillée en soldate. Pour mieux nous rappeler, non sans fierté, que la Russie, mise le dos au mur par la révocation brutale par Hitler de ses accords passés avec l’Allemagne, s’est engagée ensuite dans la lutte contre le nazisme sans compter le nombre de ses morts, qui tombèrent par millions pour sauver leur nation (« Grande guerre patriotique »).
The Fist, performance and video (2012), est une coproduction de La Maison Européenne de la Photographie, Paris