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Laurent Faulon

26.09.08 - 19.10.08
Exposition — Hôtel-Dieu

Laurent Faulon, Désirons sans fin, Hôtel-Dieu, 2008, ©DR, Le Printemps de septembre - à Toulouse

Laurent Faulon, Désirons sans fin, Hôtel-Dieu, 2008, ©DR, Le Printemps de septembre - à Toulouse

Laurent Faulon expose également à la Fondation espace écureuil.

Né en 1969 à Nevers (France), il vit à Genève.

 

Qu'il se vautre littéralement comme un porc sur des gâteaux posés sur le sol, qu'il se livre dans La chambre des parents à une performance débridée sur le lit familial ou qu'il organise un méchoui de canapés qui tournent à la broche dans une odeur de fumier, l'artiste Laurent Faulon cultive une radicalité violente, animale, angoissante, et immerge le spectateur de ses installations dans un univers absolument inconfortable. À distance du bon goût ambiant et du paysage artistique dominant.

 

Quelle est votre proposition artistique à l'Hôtel-Dieu ?

Dans la chapelle : Auréole , 2008, installation. Une machine à nettoyer les sols, tenue en laisse par un câble d'acier, tourne en rond au centre de la chapelle. Le produit d'entretien a été remplacé par du cognac, qui trace une auréole brune sur le carrelage en linoléum. Association triviale de spiritualité et de spiritueux, cette « auréole » apparaît dans un monde empreint d'obsessions hygiénistes et d'hystérie patrimoniale. Vieil alcool et vielles pierres passés au Kärcher de l'économie de marché trouvent leur place dans une prospère culture des loisirs qui feint d'ignorer que Saint-Marc est une lessive.

Dans la salle des pèlerins : Désirons sans fin , 2008, installation. Un salon de jardin, un tronc d'arbre, un canapé en cuir, un conteneur à déchets, un mètre cube de parpaing, une télévision grand écran... nous sont rendus inatteignables à cause d'une épaisse couche de vaseline qui les recouvre. Témoins d'un pouvoir d'achat moyen et d'aspirations communes, ces objets s'exposent à notre convoitise et se refusent à notre possession. La pommade dont ils sont enduits les uniformise et les anesthésie. Leur brillance pâteuse nous attire ou nous repousse. L'arbre devient aussi désirable et dégoûtant que la table en plastique, le canapé, l'écran large, et la poubelle où nous jetterons tout ça. Un univers figé dans la graisse de nos désirs, impropre à la consommation. Des serviettes sont toutefois à la disposition de ceux qui essaieront.

 

Que vous inspire la formule « Là où je vais, je suis déjà » ?

C'est absolument impossible que j'y sois déjà. Surtout à Toulouse, c'est forcément quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui me ressemble peut-être et cherche à m'imiter. Il suffira que j'arrive pour qu'il soit démasqué.

 

Qu'est-ce que l'art vous permet d'accomplir ?

Écouter les sons d'une machine à laver durant 4 heures d'affilée, élever un porc, commander 40 religieuses au pâtissier du quartier, acheter 20 tables de jardin en plastique moulé blanc, porter des baskets rouges, récupérer 42 frigos en état de marche... me permet de communier avec les réparateurs de frigos et de machines à laver, les mangeurs de porc et de pâtisseries, les acheteurs de tables de jardin et les porteurs de baskets rouges... Autant de gestes mimétiques et irréels qui ménagent une faille poétique dans la trivialité de mon existence domestique. L'art me permet d'accomplir des gestes et d'adopter des comportements nécessaires et frivoles, que je ne trouverais pas à motiver autrement.