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Désireux d'élargir la cartographie du Printemps de septembre, Christian Bernard a conçu au centre d'art Le Lait à Castres, laboratoire artistique international du Tarn, l'exposition Hôtel des spectres familiers.
« Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat. »
Comment ne pas se remémorer l'étrange phrase du Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux quand on pénètre dans la vieille demeure qui loge cette exposition ? Tout y respire la nostalgie tranquille des retraites provinciales. On y salue des fantômes familiers qui attendent depuis des lustres notre retour. Ces hôtes discrets émanent imperceptiblement des images qui tremblent sur les murs. Ici c'est tout un herbier d'iris violacés. Là une collection tourmentée de chalets alpins. Plus loin se dressent de vastes dessins où la lumière paraît s'engloutir. La troublante galerie de portraits que déroulent ces petites peintures ne recense-t-elle pas les acteurs qui ont hanté ce théâtre oublié ? À moins qu'elles ne captent en temps réel nos plus inavoués fantasmes. Et ces grandes aquarelles, sont-ce des mirages, des souvenirs-écrans ou des confidences codées ? Au fond, le petit salon jaune recèle peut-être la clé de cette parade inquiète : à peine esquissées, les figures qui affleurent à la surface des pages semblent se tenir miraculeusement au bord de leur disparition. Ainsi des rêves comme de nos vies. (Christian Bernard)