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Hannah Villiger
Hannah Villiger, Skulptural, 1986
© The Estate of Hannah Villiger
Née en 1951 à Cham (Suisse), elle est décédée en 1997.
Invité à exposer au Printemps de septembre, l'artiste Éric Hattan se voit aussi confier le commissariat d'exposition du travail photographique d'Hannah Villiger.
Comment l'avez-vous rencontrée ?
Éric Hattan : J'ai d'abord connu son travail, elle était plus âgée que moi, déjà réputée. Puis on s'est rencontrés à Bâle au début des années 80. Mais le contact beaucoup plus proche date de 1985-1986, quand on était en même temps résidents à la Cité des Arts à Paris. On était voisins d'atelier, et c'est là que le discours sur le travail a commencé entre nous deux. Je n'étais pas un ami intime d'Hannah. On s'est vus moins régulièrement ensuite, je suis revenu à Bâle et elle s'est installée à Paris.
Comment en êtes-vous arrivé, après sa mort, à prendre en charge son travail artistique ?
Éric Hattan : J'ai toujours exposé d'autres artistes, notamment quand j'ai fondé à Bâle l'espace FilialeBasel, et c'est presque une partie intégrante de mon travail. Je ne suis pas légataire d'Hannah Villiger, tous ses travaux appartiennent à son fils, âgé de 15 ans, et à son mari qui connaît bien son oeuvre mais qui n'a aucun rapport avec la scène artistique. Sa famille m'a demandé si je voulais bien m'en occuper. Tout simplement parce qu'on a géré un dépôt ensemble à Bâle, et que j'en avais la clé !
En quoi son travail vous semble-t-il important ?
Éric Hattan : C'était une personnalité très forte, très stricte, et une grande artiste dont j'adore vraiment le travail. Elle était d'abord sculpteur, et elle utilisait son corps de manière Skulptural, le titre de sa première grande exposition personnelle à la Kunsthalle de Bâle en 1985. A partir de 1983, elle se photographie elle-même, et la distance la plus longue c'est son bras. Les Polaroïds lui permettaient de contrôler le résultat presque instantanément, et d'ajuster sa pose. Ensuite elle les rephotographie, et les agrandit, puis les expose individuellement, ou les arrange dans des compositions complexes intitulées Block. Elle a aussi commencé à changer le sens de l'image : elle tourne ainsi autour de son corps, comme autour de la sculpture.