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21.09 -- 14.10.2007
PROGRAMMATION : Marie-Frédérique Hallin et Thierry Leviez (commissaires des expositions), Franz West (commissaire de Hamsterwheeel à Toulouse), Jean Lelièvre (Nocturnes), Isabelle Gaudefroy (Soirées Nomades)
Les trois dernières éditions du Printemps de septembre à Toulouse ont permis au festival d'engager une mutation importante, de passer un cap et d'affirmer une nouvelle identité. Ce qui a eu pour conséquence de développer son audience locale, nationale mais aussi internationale. L'augmentation constante de la fréquentation pour atteindre près de 140 000 visiteurs en 2006 sur trois semaines atteste, s'il en était encore besoin, de l'attente considérable du public, plus précisemment ici de tous les publics, envers la création contemporaine au coeur de la Cité.
Mais derrière les chiffres, il d'agit d'un phénomène culturel et sociétal important. S'il a toujours été au centre du festival dès ses origines, ce phénomène représente plus que jamais un potentiel d'énergie, de désir, et d'envie considérable, qui motive autant sa raison d'être que ses développements futurs.
C'est pourquoi le Printemps de septembre a opéré une double révolution. Tout d'abord en comprenant la nécessité de déployer et d'ouvrir, au-delà de la problématique de l'image, le champ des possibles afin de rester disponible, attentif, et réactif aux évolutions les plus sensibles de l'art comme du monde contemporain.
C'est justement en réunissant des artistes de toutes les disciplines, issus des horizons esthétiques les plus divers, à l'intérieur comme à l'extérieur des lieux habituels de présentation, que ce festival a pu élargir l'espace et la réception de la création contemporaine. En particulier quand les expositions sont associées aux programmes des Nocturnes et des Soirées Nomades dont les concepts ont largement été repris depuis en France comme à l'étranger.
C'est aussi dans cette logique que la notion traditionnelle de commissariat a été repensée en confiant la direction artistique des trois dernières éditions à un artiste, Jean-Marc Bustamante. Associé à plusieurs commissaires et critiques, l'artiste commissaire (ou le commissaire artiste) a impulsé une évolution importante en positionnant l'acte artistique et le fait plastique, ainsi que l'idée même de collaboration multidirectionnelle, au coeur de la manifestation.
L'exposition Hamsterwheel, conçue par Franz West, Urs Fischer et quelques amis artistes, eux-mêmes associés à d'autres compétences (curators, écrivains, philosophes, etc.), vient à point nommé prolonger et préciser cette nouvelle orientation prise par le Printemps de septembre depuis 2004. Initialement présentée à l'Arsenal pour la 52e Biennale de Venise , cette partition inédite sera rejouée dans le réfectoire des Jacobins, au centre du festival avant d'être reprise à Barcelone à l'automne au centre d'art contemporain Santa Monica.
Hamsterwheel, est une véritable aventure où les artistes se sont cooptés les uns les autres et où les commissaires réagissent, critiques et commentent.
L'important ici est le processus de l'échange, de la rencontre, même fortuite, et non la construction d'un signifiant a priori.
Le sens surgit pendant, ou après, un peu à la manière d'un cadavre exquis surréaliste. Ce qui représente un renversement de perspéctive total et radical au regard des habitus actuels en matière de présentation d'art contemporain, en particulier dans les grandes manifestations. Ce qui va aussi au-delà des procédures multiples et variées de délégation.
Il n'est pas question toutefois de faire de ce shéma une nouvelle règle absolue ni même exclusive, mais bien de reconsidérer et de réinventer l'équation de l'émergence de l'oeuvre et du sens en redonnant au principe de créativité l'amplitude la plus grande.
L'esprit de redistribution, de prospection et d'inventivité qu'incarne Hamsterwheel sera prolongé à travers la ville de Toulouse et d'autres lieux (Les Abattoirs, Le Château d'Eau, la Maison éclusière, l'Espace EDF Bazacle, la Fondation espace écureuil, l'Espace Croix-Baragnon), avec une série d'expositions et des projets offrant un focus sur la très jeune scène artistique française? Peu connue et pourtant en pleine effervescence, cette scène émergente relève d'une dynamique endémique, atypique et inattendue, à l'image d'une génération très spontanée.
Wheeeeel, une très jeune scène française veut donc montrer à travers une sélection d'une trentaine d'artistes quelques unes des lignes de force qui traversent actuellement la jeune création en France. Le paysage qui s'en dessine n'est ni exhaustif ni définitif mais en pleine reconfiguration. Jamais sans doute la situation n'a été aussi ouverte, variée, éclatée, divergente, décomplexée. Comme libérée des esthétiques dominantes au profit d'une nouvelle biodiversité artistique qui, semble-t-il, ne demande qu'à être vue et reçue à l'extérieur. Il y a indéniablement autre chose qui se joue à travers l'art, dans le renouvellement nécessaire de notre rapport au monde. Et c'est sans doute ce qui sous-tend ce dynamisme. Dans son ensemble, cette programmation devrait permettre au public comme aux observateurs nationaux et internationaux de prendre acte des passionnantes mutations que connaît la scène artistique actuelle, aussi bien française qu'internationale, et avec elle le festival.
C'est bien le moins que l'on peut attendre du Printemps de septembre.
Marie-Thérèse Perrin
Présidente de l'association du Printemps de septembre
Directrice du festival