L'an 2000, quoi qu'on en dise, marque les esprits de tous, et prend à Cahors une dimension particulière, car il coïncide avec la dixième édition du Printemps de Cahors. Un anniversaire qui sera dignement fêté, puisque le festival s'inscrit cette année parmi les manifestations de la Mission 2000 en France.

En 1991, lors de sa première édition, le Printemps de Cahors était un pari ambitieux : créer, dans la région Midi-Pyrénées, un événement festif autour des arts contemporains, dont l'enjeu était, et reste encore aujourd'hui plus que jamais, de rendre l'art accessible au plus grand nombre, en suscitant la curiosité par une totale gratuité, et en privilégiant le plaisir comme mode d'accès à la culture. Si aujourd'hui le Printemps de Cahors est considéré comme une manifestation exemplaire de la décentralisation culturelle, il le doit à l'exigence de ses commissaires d'exposition, qui ont présenté à Cahors les artistes importants de notre temps, mais aussi à l'engagement et à la fidélité de ses nombreux mécènes et partenaires, privés et publics : rappelons que le mécénat d'entreprise constitue à ce jour 70% du financement du festival, situation pour l'heure inégalée en France. 

Grâce à leur générosité, et à leur investissement auprès des artistes, à travers les nombreuses coproductions qui se réalisent chaque année, ils ont permis que le Printemps de Cahors gagne son pari, qu'il conserve au fil des années son esprit d'initiative et de découverte, ainsi que son ambiance exceptionnelle pour laquelle se rassemble, pendant deux semaines, un public toujours plus nombreux, toutes générations confondues. Un public qui se déplace, de plus en plus loin, et qui se mêle à celui, fidèle, de Cahors et de sa région : les trois cents bénévoles lotois qui s'investissent chaque année le prouvent par leur engagement envers cette manifestation unique en son genre. 

Ces dernières années, le Printemps de Cahors a développé son appétit de rencontres et d'innovations, en mettant l'accent sur le dialogue entre les arts plastiques et le spectacle vivant, et en passant des commandes spécifiques à des artistes dans le cadre du programme d'art public soutenu par la Caisse des dépôts et consignations. À ces initiatives s'ajoutent cette année une invitation spéciale au grand designer allemand Ingo Maurer, ainsi qu'une commande publique pérenne passée à Fabrice Hybert par la ville de Cahors. 

Cette commande, soutenue par la Mission 2000 en France, s'inscrit dans la programmation conçue par Christine Macel, commissaire pour la seconde année consécutive. Intitulée Sensitive, l'exposition réunit une trentaine d'artistes internationaux dont la perception du monde relève d'avantage du sensible que de la rationalisation. Une façon de dire qu'à Cahors, aussi, le coeur a ses raisons...

Marie-Thérèse Perrin

Présidente de l'associtaion

Directrice du festival